Mot d’ouverture du Commissaire à la protection de la vie privée du Canada à l’occasion du Symposium sur la protection de la vie privée de 2025 – La protection de la vie privée des jeunes à l’ère numérique
Le 20 juin 2025
Ottawa (Ontario)
Allocution prononcée par Philippe Dufresne
Commissaire à la protection de la vie privée du Canada
(La version prononcée fait foi)
Bonjour et bienvenue au Symposium sur la protection de la vie privée de 2025 du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, dont le thème est la protection de la vie privée des jeunes à l’ère numérique.
Merci de vous joindre à nous à l’occasion de cette journée qui s’annonce riche en discussions.
Merci à chacun et à chacune d’entre vous de prendre le temps d’être ici aujourd’hui pour nous faire part de vos expériences et de vos points de vue sur une question qui se fait de plus en plus urgente.
Un accroissement à l’échelle mondiale de l’attention et des préoccupations relatives à la protection de la vie privée des enfants est à l’origine de l’élaboration de nouvelles lois, de nouveaux règlements et de nouvelles lignes directrices visant à renforcer leur droit à la vie privée par les gouvernements et les autorités de protection des données de partout dans le monde.
Cette tendance tient compte des caractéristiques propres à la vie privée des jeunes et de la nécessité de garantir la protection de leurs droits.
Les enfants et les jeunes passent une grande partie de leur vie en ligne, un phénomène avec lequel bon nombre d’entre nous n’avons pas eu à composer pendant notre enfance.
Le monde numérique offre aux jeunes des possibilités sans précédent en matière d’innovation, de créativité, d’expression et d’échanges, mais il présente également d’importants risques d’atteinte à la vie privée.
L’adoption des nouvelles technologies augmente le risque pour les jeunes d’être pris pour cible, manipulés ou lésés en ligne.
Je suis père de jeunes adultes et je suis stupéfait de voir à quel point le monde actuel est différent de celui que j’ai connu à leur âge. Je sais aussi que l’environnement numérique évolue si rapidement que mes enfants n’ont pas connu la même réalité à l’école secondaire que les adolescents d’aujourd’hui.
Les gens de ma génération ont eu le privilège de grandir sans avoir à s’inquiéter de savoir qui surveillait leurs moindres faits et gestes, sans la possibilité de voir des moments de leur enfance et de leur adolescence être filmés et parfois étalés au grand jour sur les médias sociaux. Nous avons pu profiter de notre enfance et simplement être des enfants avant d’être soumis aux normes du monde adulte. Les jeunes d’aujourd’hui méritent la même chose.
Nous souhaitons tous que les jeunes puissent grandir dans un environnement sûr. Un environnement où les choses qu’ils disent et font ne sont pas surveillées ni utilisées contre eux. Un environnement où ils n’ont pas à craindre qu’un de leurs gestes soit gravé dans le marbre pour ensuite être repris et réutilisé à l’infini.
Je sais que nous sommes tous ici animés par un même sentiment d’urgence et déterminés à soutenir les jeunes en cette ère numérique.
Il est important que les enfants et les jeunes aient les compétences nécessaires pour être des citoyens numériques actifs. Pour ce faire, ils doivent être capables d’explorer le monde numérique et d’en faire l’expérience avec force et autonomie, sachant qu’il s’agit d’un espace sûr pour eux.
Plus tôt cette année, le Commissariat a mené un sondage auprès de parents et d’enseignants. Voici ce qui en est ressorti :
- Selon le sondage, la grande majorité des parents s’inquiètent de la protection de la vie privée en ligne de leurs enfants.
- Les deux tiers des parents ou plus étaient de moyennement à extrêmement préoccupés.
- 45 % des parents étaient très préoccupés par les risques qui peuvent découler de l’utilisation ou de la mauvaise utilisation des renseignements personnels de leurs enfants.
Ces résultats font ressortir la situation difficile dans laquelle se trouvent les jeunes d’aujourd’hui : ils doivent être présents en ligne, mais ce faisant, ils s’exposent à des risques qui évoluent rapidement et dont les répercussions sont encore inconnues.
Il ne s’agit pas d’un problème auquel on peut s’attaquer seul. C’est un problème complexe qui évolue sans cesse et qui touche à de multiples domaines dans de nombreuses juridictions.
En cette période aussi critique, nous devons faire preuve de collaboration et prendre comme point de départ l’intérêt supérieur de l’enfant.
Aux termes de l’article 16 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, « [n]ul enfant ne fera l’objet d’immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes illégales à son honneur et à sa réputation. L’enfant a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes ».
Le Symposium a pour but de mettre votre expertise en commun. Nous voulons entendre les points de vue des jeunes et nous voulons permettre aux parlementaires, aux décideurs politiques, aux universitaires, aux représentants de la société civile et de l’industrie ainsi qu’aux organismes nationaux et internationaux de réglementation de la protection de la vie privée d’analyser les questions importantes liées à la protection de la vie privée des enfants, aujourd’hui et dans l’avenir.
Je me réjouis à l’idée d’assister aux discussions de nos panels d’experts. J’ai particulièrement hâte d’entendre le premier panel d’aujourd’hui, qui est composé de quatre jeunes personnes inspirantes. Elles nous feront part de ce qu’elles veulent et de ce dont elles ont besoin pour tirer profit de la technologie sans compromettre leur bien-être.
Les jeunes doivent participer à la recherche de solutions aux problèmes auxquels ils sont confrontés dans leur vie quotidienne.
À cette fin, je suis fier d’annoncer que je mettrai sur pied le Conseil consultatif des jeunes du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada. L’objectif de ce conseil est de permettre aux jeunes de faire connaître leurs points de vue, de raconter leurs expériences et d’échanger des idées sur des questions liées à la protection de la vie privée qui les préoccupent le plus. Nous pourrons ainsi mieux comprendre les répercussions de ces questions sur leur génération et orienter nos efforts de façon à obtenir des résultats optimaux.
L’appel de candidatures a été lancé aujourd’hui sur notre site Web. Si vous connaissez de jeunes Canadiennes et Canadiens passionnés et réfléchis qui s’intéressent à la technologie, à la protection de la vie privée et au monde numérique, encouragez-les à poser leur candidature.
Il n’est pas nécessaire d’avoir des connaissances en matière de protection de la vie privée. Idéalement, les candidates et les candidats doivent être à l’aise de s’exprimer dans le cadre de discussions tant avec leurs pairs qu’avec des adultes et avoir à cœur d’aider leur communauté.
Je me permets de conclure en vous disant que les enfants ont le droit d’être des enfants, même dans le monde numérique, d’être à l’abri de pratiques trompeuses et d’avoir la liberté de naviguer en ligne en toute sécurité.
Nous voulons que les organisations respectent le droit des enfants à la vie privée qu’elles conçoivent des services et des produits offrant des mesures rigoureuses de protection des renseignements personnels des enfants.
Nous voulons aussi que les enfants et leurs parents aient les outils nécessaires pour comprendre les conséquences de leurs choix en matière de protection de la vie privée, et ce, afin que la nouvelle génération soit bien au fait des questions de vie privée.
Cette démarche est essentielle pour que les enfants aient encore la liberté d’être jeunes et insouciants. Pour qu’ils soient libres d’être des enfants dans ce monde de plus en plus axé sur le numérique et les données.
Je vous remercie encore une fois de votre présence et de votre participation à cette importante discussion.
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